Comme l’explique Linus Torvalds dans ce TED, il a commencé le projet Linux seul alors qu’il était étudiant à l’université d’Helsinki dans les années 90. En 1991, il diffusa les premiers prototypes de Linux en expliquant qu’il souhaitait à terme des contributions externes sur son projet. Au début simplement des reports de bugs sur le logiciel, puis, des propositions de modification du code. Et c’est là que Linus Torvalds compris le grand intérêt de rendre son logiciel libre quand il constata que les propositions de modification du code étaient réellement pertinentes.

Aujourd’hui, plus de 1600 développeurs contribuent au projet Linux et chacun peut proposer des modifications du code source. Bien entendu, ces propositions seront ensuite contrôlées, vérifiées et testées par les développeurs à temps plein sur le projet (Fondation Linux).

C’est toute la philosophie et la puissance du logiciel libre. Les utilisateurs de celui-ci qui ont aussi des compétences dans le développement, peuvent proposer des améliorations du produit que ce soit pour combler des failles de sécurité, des manquements de fonctionnalité ou toute autre modification pertinente. Le logiciel libre est donc en constante amélioration et l’équipe de développement n’est pas la seule à contribuer à son projet, offrant d’autres points de vues et de nouvelles idées.

Limites du modèle entièrement libre

Les licences de diffusion des logiciels libres ont eu tendance à rebuter les professionnels sur plusieurs points. Notamment, sur la non-possibilité d’intégrer un logiciel libre au sein d’un logiciel basé sur un autre modèle, propriétaire par exemple.

En effet, la vision du logiciel libre portée par son initiateur Richard Stallman est qu’un logiciel propriétaire, allant à l’encontre des libertés de l’utilisateur, ne peut être éthique. Et donc, un logiciel ou un programme libre ne peut faire partie intégrante d’un logiciel propriétaire lorsqu’il est diffusé sous une licence libre respectant entièrement cette philosophie. L’acronyme englobant ces licences appliquant le principe de “Copyleft” (inverse de “Copyright”) est GNU General Public License.

Il est ainsi difficile de concevoir un business model qui soit viable avec des licences libres de type Copyleft. Car même s’il est tout à fait possible de vendre un logiciel libre, les utilisateurs peuvent redistribuer le logiciel par la suite comme ils le souhaitent. Et impossible de ne réaliser qu’une partie d’un logiciel en libre pour l’intégrer ensuite dans un autre suivant un autre modèle.

Attention ! Cela n’est pas pour autant impossible d’avoir un business model viable avec un logiciel libre. Red Hat, société multinationale éditant des systèmes d’exploitation basés sur le noyau Linux, en est le parfait exemple car elle ne fait pas de profit sur la distribution de ses logiciels dont le code est librement accessible par quiconque. Mais elle le réalise sur les tous les besoins autour de ses logiciels comme les cours, les certifications ou encore le support en lien direct avec l’équipe technique accessible via un abonnement. C’est une autre manière de convertir l’expertise technique de l’entreprise en profit. Et ça marche ! Red Hat vise aujourd’hui les 3 milliards de chiffre d’affaires annuel.

L’équilibre dans la force : l’open-source

Pour s’affranchir des limites posées par la philosophie du logiciel libre, l’Open Source Initiative (OSI) a créé en 1998 l’Open Source Definition (OSD), un autre modèle de licence libre. Ce modèle apporte une vision plus pragmatique et mieux adaptée au domaine du développement de l’application des 4 libertés logicielles.

La première différence avec les licences GNU GPL concerne l’intégration du logiciel à d’autres modèles. Un logiciel ayant été développé selon le modèle open-source, avec tous les avantages présentés précédemment que celui-ci tire du monde libre peut être intégré dans un logiciel suivant un modèle différent du libre. Ainsi, concrètement, un business model peut être envisagé directement sur la diffusion d’un logiciel dont certaines parties ont été développées en libre.

Et ça, ça a tout changé pour les grands groupes et éditeurs de logiciels, car les avantages du libre peuvent ainsi s’appliquer à leur modèle. Une nouvelle ère dans le développement de logiciels et de programmes a pu débuter : celle du partage de compétences entre tous.

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Google, Microsoft, Facebook, Amazon, IBM, Intel (pour ne citer que les plus connus) : toutes ces entreprises ont proposées ou contribuées à des projets open-source. L’intérêt est tout d’abord bien-sûr d’un point de vue éthique mais il n’est pas le seul. L’externalisation d’un problème sur un sujet technique permet d’obtenir des solutions qui auraient pu ne pas voir le jour en interne.

Ainsi, il n’est pas rare de voir certains groupes collaborer ensemble dans le but de résoudre plus rapidement et de meilleure manière un problème technique, et de placer la solution sous licence open-source. Solution qui peut de ce fait être utilisée par chacun des parties dans leurs logiciels suivant leurs propres modèles de licence de diffusion.

Bien entendu, la mise à contribution de la communauté open-source ne s’arrête pas seulement à la résolution de problèmes techniques mais va aussi jusqu’à la création de logiciels open-source complets. Parmi les belles réussites de l’open-source, l’on retrouve l’excellent éditeur de code Visual Studio Code de Microsoft dont le projet a rassemblés 830 contributeurs et plus de 4500 propositions de modification du code.

La faillite du modèle propriétaire. Place au libre et à l’open-source ?

Oui, le modèle entièrement propriétaire a plusieurs fois montré ses failles et il est clair aujourd’hui qu’il n’est pas une solution viable autant pour les éditeurs de logiciels que pour leurs utilisateurs.

Internet Explorer : l’échec avec un grand E

internet explorer

Aaaah, Internet Explorer… Par où commencer ? Lancé en 1995 par Microsoft, c’était le navigateur web installé par défaut sur tous les PC Windows (soit presque tous les PC..). Jusqu’en 2012, il était de ce fait le navigateur web le plus utilisé par les utilisateurs du monde PC. Mais avec l’arrivée de concurrents (Mozilla Firefox, Google Chrome entre autres), Internet Explorer perdit petit à petit ses utilisateurs jusqu’à sa mort aujourd’hui.

La faillite d’Internet Explorer peut s’expliquer en plusieurs points. Le premier, concerne le logiciel en lui-même et sa non efficacité. Combien de fois vous est-il arrivé qu’Internet Explorer plante lorsque vous aviez à l’utiliser ? Un nombre de fois important surement.

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Le fait que le logiciel soit souvent inutilisable a donc été la source de motivation principale de l’abandon d’Internet Explorer pour la plupart des personnes.

Le deuxième point est la sécurité du logiciel et celle de la machine l’exécutant. Internet Explorer était connu pour ses nombreuses failles de sécurité arrivant à répétition au fur et à mesures des versions. Récemment Microsoft a même publié un post sur son blog appelant à ne plus utiliser du tout Internet Explorer pour des raisons de sécurité. Mais dès 2010, les gouvernements Allemands et Français déconseillaient son usage.

Enfin, le troisième point porte sur la non prise en compte des standards du web. Les standards du web sont des normes principalement établies par la W3C pour définir comment il est possible de réaliser des pages et sites web. Ces normes permettent ainsi aux développeurs web de savoir quelles possibilités ils ont lors du développement. Et permettent aux navigateurs web de comprendre et d’interpréter le code des sites internet.

Soyons clair : Internet Explorer était aux fraises sur la prise en compte de ces standards. Il avait toujours du retard sur ses concurrents directs. Et cela a eu pour conséquence de désintéresser les développeurs d’Internet Explorer, car le logiciel respectant moins voire quasiment pas les derniers standards du web, il leur offrait moins de possibilités de développement. De plus, les utilisateurs étaient aussi directement impactés car certains sites utilisaient les derniers standards et n’étaient pas rétro-compatibles avec Internet Explorer. Globalement, IE était constamment dans le passé et il était devenu une épine dans le pied des développeurs et éditeurs de sites car il demandait un temps de développement spécifique en plus dans le projet.

Internet Explorer est le parfait exemple des faillites du modèle propriétaire car c’est justement son modèle entièrement propriétaire qui a causé sa perte face à ses concurrents. Citons d’ailleurs ses deux principaux concurrents de l’époque : Mozilla Firefox et Google Chrome. Le premier est un logiciel libre. Le second est un logiciel propriétaire mais basé sur un projet open-source nommé Chromium.

Alors qu’il fallait attendre longuement Microsoft pour corriger les failles de sécurité et mettre à jour Internet Explorer, Firefox et Chromium/Google Chrome sont mis à jour régulièrement grâce aux contributions et aux retours de leurs communautés. Celles-ci peuvent proposer toutes les améliorations possibles sur le logiciel, corriger des failles de sécurité détectées, ou encore implémenter la prise en compte des derniers standards.

Internet Explorer ne pouvait pas rivaliser face à ces concurrents en s’en tenant à vouloir conserver coûte que coûte son modèle entièrement fermé. Microsoft a maintenant bien retenu la leçon en souhaitant maintenant utiliser le projet Chromium comme base de son nouveau navigateur web Microsoft Edge.

Spoiler : les logiciels propriétaires vont nous coûter beaucoup plus cher que prévu

WannaCry mapmonde

Mai 2017, panique à bord, un logiciel malveillant nommé WannaCry infecte plus de 300 000 ordinateurs dans plus de 150 pays. Son mode d’action est simple : crypter les fichiers de l’ordinateur cible et demander une rançon à son propriétaire pour décrypter les fichiers (inchallah). Plusieurs grands groupes et institutions sont même bloqués suite à cette attaque, parmi eux : Vodafone, FedEx, Renault, Telefónica, le National Health Service, le Centre hospitalier universitaire de Liège, le ministère de l’Intérieur russe et la Deutsche Bahn.

WannaCry a exploité une faille de sécurité présente sur les systèmes d’exploitations antérieurs à Windows 10, à savoir 8, 7, Vista et Windows XP qui sont encore utilisés chez certains particuliers ou même dans certaines entreprises. Ces systèmes n’ont pas été mis à jour depuis longtemps car c’est leur vocation : être un bien de consommation dans un temps réduit mais pas fait pour durer.

Microsoft propose la mise à niveau de ses systèmes (passage de Windows 7 à Windows 10 par exemple) mais en échange d’une contribution financière. Le coût supplémentaire du renouvellement des licences de l’ensemble d’un parc d’ordinateurs Windows peut donc freiner une entreprise ou une institution à le mettre à jour. Mais ce n’est pas la seule explication de la non mise à jour de certains parcs. Il y a aussi l’utilisation de logiciels propriétaires qui ne sont parfois plus mis à jour et uniquement compatibles avec la version du Windows de la machine.

Vous voyez le blocage ? Mettre à jour un parc de logiciels propriétaires peut parfois être impossible afin de conserver certains logiciels utiles à l’activité mais vital pour la sécurité. Et pour débloquer (temporairement) justement certaines entreprises touchées par l’attaque de WannaCry et dans cette situation, Microsoft a exceptionnellement dépêché une équipe pour déployer une mise à jour sur Windows XP, Vista, 7 et 8.

La mise à jour d’un parc d’ordinateurs utilisant des logiciels libres ou open-source aurait aussi un coût bien-sûr pour une entreprise, là n’est pas la question. Mais elle resterait réalisable dans toutes les situations. Admettons même que l’éditeur d’un logiciel libre ferme et bien le code source resterait à disposition. Et donc avec le code source, la communauté peut continuer de faire vivre le logiciel et de le rendre compatible avec les nouvelles versions des systèmes d’exploitation.

Alors que lorsque l’éditeur d’un logiciel propriétaire décide de ne plus mettre à jour et d’arrêter le développement du logiciel, c’est pour toujours. Le code source n’étant pas disponible, personne ne peut redonner vie au projet.

Il n’est pas rare de voir dans certains services publics, hôpitaux ou dans des entreprises des ordinateurs fonctionnant toujours avec d’anciennes versions de Windows qui ne sont plus supportées aujourd’hui par Microsoft. Ces ordinateurs sont donc de fait de véritables bombes à retardement pour ces organisations qui s’exposent à de grandes pertes financières. Le geste de Microsoft était aussi impératif qu’exceptionnel pour limiter les dégâts dans le monde informatique. Mais la compagnie ne pourra indéfiniment combler à elle seule les brèches de son ancien monde.

Convaincu ? Libérez votre machine avec Linux !

Heureusement, vous pouvez changer les choses que ce soit chez vous dans votre entreprise. Adopter Linux sur son PC, c’est choisir un système libre, stable et sans virus qui sera régulièrement mis à jour et qui pourra être facilement mis à niveau.

Si vous souhaitez donc sauter le pas et installer Linux sur votre machine, je vous conseille d’installer Ubuntu. C’est la version la plus simple pour commencer l’expérience Linux.

Direction donc le site officiel pour télécharger un fichier image : https://www.ubuntu.com/download/desktop

Je vous conseille de télécharger la version LTS (Long Term Support) qui assure un support à long terme, c’est à dire des mises à jour sur une plus grande période de temps. Et quand une nouvelle version LTS fera son apparition vous pourrez bien-sûr mettre à niveau votre système gratuitement. Fini les chantages financiers de Microsoft ou d’Apple pour mettre à niveau votre système !

Je ne vais pas ici vous faire un tutoriel d’installation d’Ubuntu sur votre machine, il y en a déjà d’excellents sur la toile que je peux vous conseiller : https://openclassrooms.com/fr/courses/43538-reprenez-le-controle-a-laide-de-linux/36939-tester-et-installer-ubuntu

Pour installer Linux à côté de Windows, c’est à dire pouvoir choisir au démarrage quel système utiliser : https://lecrabeinfo.net/installer-ubuntu-18-04-lts-dual-boot-windows-10.html

Sur Mac : https://doc.ubuntu-fr.org/dual_boot_macos_x_ubuntu

Si vous rencontrez le moindre soucis durant l’installation ou l’utilisation de votre nouveau système Linux, n’hésitez pas aller détailler votre problème sur le forum de la communauté française d’Ubuntu. Vous obtiendrez sûrement une réponse, cette communauté est extrêmement active et disponible : https://forum.ubuntu-fr.org/

À vous de jouer !
Une fois votre distribution installée, profitez de votre liberté retrouvée !


Sources de l’article :

Publié le 04/02/2020 dans Développement

Rédigé par :

              

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